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"Je suis très impressionnée et touchée d’être devant vous et parmi vous ce soir. En réalisant le projet photographique «murmures…» J’avais rêvé que l’image que m’avaient prêté ces enfants circuleraient largement un jour. Dépasseraient les frontières et sortiraient hors des murs. Tel un cri d’espoir, un écho venu de loin dans l’espoir de toucher et d’éveiller les esprits. Aujourd’hui grâce à ce prix ce rêve se réalise. Alors je peux sourire, me poser sereinement parce que j’ai fais ce qu’il me devait de faire en tant qu’artiste : Témoigner, dénoncer, espérer. Je suis profondément honorée par ce prix. C’est la reconnaissance d’une parole, fruit d’une profonde intuition. Cette intuition qui nous pousse à avancer même lorsque tout autour de nous n’est que chaos et discours de sourds. Défendre la notion de dialogue à travers l’art et la culture est une ambition, une conviction. J’y crois. Elle est la source de l’urgence qui me pousse à créer. « Qui veut tuer le dialogue ? ». J’ai lu cette phrase à la une des journaux Libanais il y a une dizaine de jours. Ce mot là accompagne notre quotidien depuis déjà 3 ans. Tant de mots : Dialoguent, tolérance, liberté, respect ext…. Sont des mots qui flottent autour de nous sur les affiches publicitaires propagandistes, à la Télévision, dans les journaux, au cœur même des discours politiques. Lorsque les mots perdent leur valeur et leur sens, c’est la société en entier qui est en état de crise. Lorsque nous ne sommes plus capable de nous mettre d’accord sur le sens même des mots, c’est le dialogue qui se referme et fait place à la menace, la peur, la violence, le crime, enfin la perte de ce qui fait notre humanité. Une démarche artistique qu’elle qu’en soit la forme, a pour mission d’être engagée donc de remettre en cause, de bouleverser et de dépasser les barrières. Tenter de briser les murs qui se dressent de plus en plus entre différentes sociétés et différentes cultures du monde dans lequel nous tentons d’évoluer, dans lequel je tente de grandir. Aujourd’hui vers où courons-nous ? Droit au mur ? « Murmures… » Est un projet photographique que j’ai commencé en Juillet 2006 et achevé un an après en 2007. Lors de la guerre de Juillet nous avons été matraqués par des images d’enfants morts ensanglantés parmi les décombres. Ce que je trouve violent dans les images d’aujourd’hui qui nous entourent, que ce soit des images de guerre ou autre c’est la manière dont les choses nous sont amenées et données à voir. Le matraquage des images auquel nous assistons nous rend passif. Une image à telle encore de la valeur si le spectateur n’a pas le choix d’interagir avec ce qu’il voit ? Obsédée par la violence qui m’entourait, je me suis rendue au Sud du Liban. Je voulais essayer de répondre à la violence sans pour autant la représenter." Torna indietro |
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