Trente-trois articles, de bonnes intentions et des questions en suspens

LE MONDE | 14.07.08 | 10h47  •  Mis à jour le 14.07.08 | 10h47



En présentant la déclaration commune sur laquelle s'est achevé "le Sommet de Paris pour la Méditerranée", le président Nicolas Sarkozy a fait référence au traité de Rome pour justifier que certains points, concernant le fonctionnement de la nouvelle entité, fassent l'objet de tractations supplémentaires.

 

Moins précise que le texte fondateur de l'espace économique européen, cette longue déclaration de 33 articles a fait l'objet d'âpres négociations, notamment sur la question du conflit israélo-palestinien. La partie arabe a essayé sans succès d'introduire une référence directe à l'Initiative de la Ligue arabe de 2002 qui conditionne la normalisation avec Israël à la création négociée d'un Etat palestinien sur la base des frontières de 1967. De leur côté, les Israéliens ont échoué dans leur tentative d'ajouter au texte une formulation visant à exclure préventivement tout retour de réfugiés palestiniens en Israël, alors que les Palestiniens considèrent que la question relève de la négociation en cours. Au final, la rédaction de la déclaration renvoie prudemment à la dernière déclaration européenne et au processus d'Annapolis initié par les Etats-Unis, en 2007.

 

Parmi ses autres articles, la déclaration plaide pour un Moyen-Orient débarrassé "d'armes de destruction massive, nucléaire, chimique et biologique" et condamne fermement tout recours au terrorisme, ainsi que tout amalgame entre terrorisme et religion. La déclaration plaide encore pour "le règlement des conflits, la fin de l'occupation, la lutte contre l'oppression, la réduction de la pauvreté, la promotion de la bonne gouvernance et l'approfondissement du dialogue des cultures et le respect de toutes les religions et croyances".

Les tensions entre la France et les autres membres de l'Union européenne rétifs initialement à l'émergence, à côté du processus de Barcelone lancé en 1995, d'une entité limitée aux pays riverains de la Méditerranée ont abouti à un compromis : l'appellation officielle de "Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée".

S'agissant enfin de l'organisation de cette nouvelle structure, le "consensus" a été arrêté pour la désignation du coprésident issu de la rive Sud "pour une période non renouvelable de deux ans", alors que celle du président de la rive Nord devra être "compatible" avec les mécanismes de représentation en vigueur au sein de l'UE. Les autres questions, la composition et la taille d'un secrétariat permanent que la Commission européenne souhaite le plus allégé possible, "seront décidées sur la base du consensus lors d'une réunion des ministres des affaires étrangères, en novembre 2008".

 

Gilles Paris


SIX PROJETS

 

En annexe de la déclaration figurent six projets sur lesquels l'Union pour la Méditerranée doit prendre son essor.

Environnement : "la dépollution de la Méditerranée"

Transports : "les autoroutes maritimes et terrestres", pour accroître les échanges et faciliter "la liberté de mouvement des personnes et des biens"

Répondre aux catastrophes naturelles : "la protection civile" à l'échelle de la région

Energies : "les énergies alternatives (le plan solaire méditerranéen)"

Education : "l'université euro-méditerranéenne", qui aura son siège en Slovénie

Economie : "l'initiative méditerranéenne de développement des affaires".