AL AHRAM HEBDO

 

25 novembre 2003

 

 

La régression … et la valeur du citoyen

 

Qu’est-il arrivé à l’Egypte ? Ce pays glorieux qui aux yeux de nos confrères arabes était symbole de fierté et représentait un modèle à suivre en matière de culture, d’art, de progrès et d’épanouissement ? Nous sommes presque inconscients de ce qui se passe dans notre pays parce l’on y réside. Mais è chaque fois qu’on le quitte et qu’on le regarde de loin, le degré de régression que nous avons accusé cers dernières années apparaît à nos yeux. D’ailleurs, si cette régression se poursuit, nous arriverons au seuil d’une véritable catastrophe qui nous surprendra.

 

 

par Mohamed Salmawy

 

Je viens de rentrer d’un voyage en Italie au cours duquel j’ai visité Rome, Naples et Palerme, A Naples, j’ai rencontré un passionné de l’Egypte, Michele Capasso, président de l’Académie de la Méditerranée, qui a choisi de décerner cette année tous les prix à des personnalités arabes ayant déployé de grands efforts pour servir leur pays. Ainsi, le prix de la culture a été décerné à Mme Suzanne Moubarak pour ses efforts dans les différents projets cu8lturels, depuis la Bibliothèque d’Alexandrie jusqu’à la collection Lecture pour tous. Le prix de l’art et de la créativité a été décerné à notre grand homme de lettre Nagib Mahfouz pour son apport à la littérature arabe. Le prix de la paix est allé au prêtre palestinien Elias Chakour pour ses efforts de paix entre Palestiniens et Israéliens.

L’un des efforts dont Capasso est fier est cet important ouvrage de référence publié par l’institut sur le réalisateur égyptien Salah Abou-Seif en italien et en arabe. C’était le premier ouvrage de référence à l’étranger sur le père du réalisme égyptien et qui s’est largement imprégné de l’école italienne de réalisme : le vérisme.

Capasso m’a raconté pendant une heure la torture qu’il a du subir en Egypte et les obstacles successifs, entre autres aux douanes à Alexandrie, pour sortir les exemplaires du livre sur Salah Abou-Seif pour que la première dame d’Egypte le présente lors d’une cérémonie organisée spécialement à cette fin à la Bibliothèque d’Alexandrie. Le livre est reste prisonnier des douanes pendant dix jours dans l’attende de la signature de 92 personnes. Les journaux avaient annoncé pour le même jour cette cérémonie. Capasso s’en mis à les montrer aux fonctionnaires  de la douane, mais jusqu’à 15 h. une heure avant la tenue de la cérémonie, les douanes n’avaient pas achevé leurs procédures. Après le départ des fonctionnaires, Capasso s’est trouvé seul sans obtenir les signatures réquises.

Pourrions-nous imaginer ce qui aurait pu arriver si les livres n’avaient pas été là au moment ou se déroulait la cérémonie en présence de Mme Moubarak, des invités, des hommes de médias égyptiens et étrangères ? C’est Capasso lui-même qui a sauvé la situation grâce aux exemplaires qu’il avait sur lui, passés inaperçus devant les fonctionnaires de la douane.

Le lendemain de la cérémonie, Capasso est revenu aux douanes pour récupérer les exemplaires toujours retenus. Ils l’informèrent qu’il devait payer une grande somme contre « ces marchandises ». Il leur a expliqué que ce n’était pas des marchandises parce que le livre n’est pas destiné à la vente et que l’Académie de la Méditerranée était un organisme scientifique non commercial qui ne cherche  pas le profit et qu’elle était financée par l’Union européenne pour effectuer des recherches sur la Méditerranée dans différents domaines. Malgré cela la bureaucratie n’a quand même pas été convaincue. Ensuite, les autorités des douanes ont fait marche arrière, mais à condition que chaque destinataire du livre signe un papier selon lequel il n’a rien payé pour acquérir ce livre. Ce document devait être remis à la douane avant le départ de Capasso.

Cela est-il raisonnable ? Qu’est ce que l’Egypte peut gagner de ces complications bureaucratiques vaines ? Dans le passé, nous regardions le système des pays développés comme un modèle, et citions l’exemple américain où les impôts se paient par la poste. Avec le retard actuel, nous nous servons des pays du tiers-monde comme exemple, dont des pays arabes au développement desquels nous avons contribué.

A Rome, j’ai rencontré un jeune diplomate égyptien qui avait travaillé avant ce poste à l’ambassade d’Egypte à Abou-Dhabi. Il m’a explique que, par exemple, tous les contacts avec le service  de la circulation se faisaient à travers l’internet. Est-il possible que l’Egypte, qui a contribue au progrès des pays arabes, ait les pires services de la région ?

L’architecte qui a planifié Abou- Dhabi était l’Egyptien Abdel- Rahmane Makhlouf. Comment donc ce pays a confié cette tache à un Egyptien, alors que le gouvernement égyptien ne fait que poser des obstacles face à ses enfants, ingénieurs, médecin et autres ? Jusqu’à quand le citoyen égyptien restera-t-il sans valeur aux yeux du gouvernements ?

EgyptAir a sans doute été témoin d’un progrès important depuis que le ministre Ahmad Chafiq a pris en charge la société. A tel point qu’il est étonnant de constater la bonne organisation de l’entreprise, à laquelle on n’était pas habitué. Il lui manque cependant de faire preuve de respect envers le public, peut-être parce que cela fait partie d’une tradition gouvernementale très lointaine.

Une fois que l’avion a atterri à l’aéroport du Rome Fiumicino, le pilote n’a pas fait les manœuvres qu’il faut pour s’arrêter dans l’aire qui lui était destinée, s’immobilisant 20 mètres plus loin. La marche arrière n’existant pas, il a fallu chercher un remorqueur pour tirer l’appareil en arrière. Tout cela a nécessité 20 minutes. En attendant, les passagers étaient debout, bagages en main. Le pilote s’est-il excusé pour cette erreur ridicule que nous avons découverte après notre atterrissage ? Bien sur que non. Après dix minutes de mystère, il a balbutié quelques mots incompréhensibles comme   s’il venait de se réveiller pour dire au8x passagers avec une au8dace que je lui envie que le retard est du à ces remorqueurs. Mais l’interventions de ces équipements n’est nécessaire qu’en cas d’erreur du pilote. Un tel comportement est non seulement non convenable, mais il est aussi irrespectueux envers les passagers qui doivent savoir ce qui se passe dans l’avion. Le même scénario ou presque s’est répété lors de mon trajet retour. Mais cette fois, les passagers ont été retenus deux heures, attendant le décollage. Cette fois-ci, ce n’étaient pas la faute d’EgyptAir, mais là encore, le pilote n’a pas cherche à contenir la situation.

Les autorités d’immigration italiennes avaient retenu 3 passagers égyptiens que rentraient après une longue période de travail avec de grosses avec des grosses sommes d’argent dont la provenance n’était pas prouvée. A l’issue de investigations, deux seulement ont pu partir. Quand au troisième, il a été interdit de quitter le territoire, c’est pourquoi les soutes ont été fouillées pour retrouver ses bagages.

Naturellement, cela a duré quelque temps et il fallait attendre qu’un couloir aérien soit disponible pour que l’avion puisse s’envoler.

Au bout de deux heures les passagers impatients se sont bousculés vers la cabine de pilotage pour savoir ce qui se passait. La voix du pilote retentit pour dit qu’il attendait de passagers italiens furieux se demandaient pourquoi le pilote ne leur avait pas dit la vérité. Je ne leur ai pas donné le réponse réelle en leur disant que pour EgyptAir, tous le passagers sont insignifiants égyptiens ou pas, Il n’est guère important qu’il soient tenus au courant de ce qui passe. Si le pilote s’est adressé à vous, c’est la une concession pour laquelle vous devez la remercier.