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ACCADEMIA DEL MEDITERRANEO
Giovedì, 8 gennaio 2002 – ore 19
Via Depretis, 130 - Napoli

LECTIO MAGISTRALIS

Le Développement durable : un label à la mode Ou un apport conceptuel et méthodologique effectif?
par
Le Professeur Nadir Mohamed Aziza,
Secrétaire général de l’Académie de la Méditerranée



Introduction

La formule « développement durable » est devenue depuis quelques temps un must obligé du langage journalistique, des réunions politiques, économiques ou scientifiques. Elle a pris sa place au rayon des locutions convenues que tout un chacun utilise sans forcément en interroger la signification ou les composantes.
La fortune de cette formule est frappante. Elle est devenue incontournable dans nombre de réunions internationales.
Ainsi le Forum Global organisé par les Nations Unies et la Banque mondiale en coopération avec le gouvernement marocain, sur le thème : « Citoyens – Entreprises et Etats : dialogues et partenariats pour la promotion de la démocratie et du développement » qui s’est ouvert, hier, dans la ville de Marrakech, consacrera une part de ses travaux à l’examen de cet objectif.

Il y a quelques jours, le jeudi 28 novembre 2002, le gouvernement français a organisé une journée de réflexion en conclave et sous la présidence du Premier Ministre lui-même, consacrée au thème du développement durable.
Ces initiatives ne sont pas isolées. Loin de là.
C´est dire la fortune de la formule et du concept qu’elle sous-tend
C’est dire la nécessité d’un examen approfondi de cette nouvelle notion.
Mais avant de s’y consacrer, il faut rappeler brièvement les différentes acceptions par lesquelles est passé le concept de développement.

Evolution de la théorie du développement
La théorie du développement a évolué au cours des cinq dernières décennies.
Dans un premier temps est apparue une théorie mécaniciste qui prônait la modernisation des pays émergents comme panacée garantissant le développement. Cette modernisation devait s’appuyer sur un processus simple, pour ne pas dire simpliste : le rattrapage.
Il suffisait, d’après les tenants de cette théorie du développement de donner aux sociétés émergentes des outils que les nations industrialisées avaient inventé au cours de leur révolution industrielle, pour que leur usage de la part des sociétés émergentes entraine automatiquement, pensait-on, l’enclenchement d’un processus de rattrapage du retard scientifique et technique accumulé par les nations en voie de développement.
C’était l’époque où, au plan de la théorie, fleurissait la prescription du transfert des technologies et, au plan de la pratique, l’usage immodéré de la livraison des structures censées être modernisantes et donc développantes, clefs en main.
L’industrialisation massive fut, ici et là, un échec patent.
Cette approche mécaniciste et simpliste du développement montra vite ses limites et amena, dans un deuxième temps, une analyse plus complexe des situations et une attention plus vive aux données sociales et culturelles susceptibles d’aider ou de bloquer le processus du développement économique.
On admit peu à peu que le processus du développement ne pouvait pas être appréhendé dans sa seule dimension économique. L’individu et la société ne peuvent pas être réduits à cet homo économicus unidimentionnel que les développementistes mécanicistes avaient promu comme seul sujet d’intérêt.
La réflexion sur le développement s’est alors complexifiée.
On admit que la dimension sociale, culturelle et même politique avait affaire avec la question du développement. Apparurent alors les notions comme la bonne gouvernance, l’impératif démocratique, les modes alternatifs d’application des procédés économiques et techniques, l’attention aux unités de base de la vie économique (les PME et les PMI), l’accent mis sur la nécessaire politique de répartition plus juste des richesses (pour affermir, entre autres, les classes moyennes garantes de stabilité et de continuité).
On se préoccupa, de plus en plus, d’associer la société civile à l’élaboration des politiques publiques et de lui permettre de générer, dans l’autonomie, des initiatives personnelles (Banques de micro-crédits pour les couches défavorisées sur la base d’un projet). Expériences de développement intégré comme celle, remarquable, menée par Ali Amahan à Aït Iktel, pour citer un exemple géographiquement proche.
On s’avisa qu’aucun développement auto-centré ne pouvait advenir sans un vrai souci des composantes culturelles et mentales des individus et des sociétés. C’est au fond de l’immense réservoir des représentations culturelles et des expérimentations sociales, certes endormies par des siècles d’engourdissement internes et des périodes de domination externe, qu’il fallait puiser les éléments de référence pour élaborer un processus endogène de développement qui allierait reprise en charge de l’identité et innovation dynamisante.
Cependant, la question de savoir si des expérimentations relativement circonscrites peuvent être étendues et généralisées à une plus grande échelle, demeure pendante.
Dernièrement, cette réflexion sur le développement connut deux nouveautés conceptuelles intéressantes.
Devant l’afro-pessimisme plus ou moins général, le Président sénégalais Abdoulaye Wade lança le NEPAD – Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique.
Cette approche souligne la liaison qu’il convient d’établir entre développement et partenariat. Elle prêche un double effort, de la part des pays en voie de développement comme de ceux dispensateurs d’aide, notamment mais non exclusivement pour la question essentielle de l’annulation des dettes que le Maroc défend avec brio depuis la mise au point du plan d’action du Caire et qu’il continuera sans doute à défendre devant le prochain Sommet Afrique – Europe qui doit avoir lieu à Lisbonne, dans quelques mois.
Les uns et les autres doivent revoir leurs objectifs et leurs procédures pour maximaliser les effets de leur coopération en matière de développement et en finir avec la gabégie constatée pendant des décades, en tenant compte des potentialités du marché africain et non pas en continuant à considérer l’Afrique comme un perpétuel malade à assister.
La seconde nouveauté conceptuelle, en matière de théorie du développement, a trait à la notion de développement durable à laquelle nous allons, à présent, consacrer quelques moments de réflexion.


Une rénovation obligé des manières de penser et de comporter

D’emblée, nous pouvons nous demander à quoi est dû ce succès inattendu de la formule, pourtant vague, de « développement durable »
Pourquoi ce succès maintenant alors que depuis un demi-siècle économistes et écologues tirent presqu’en vain, la sonnette d’alarme : Club de Rome et croissance zéro, René Dumont et l’agriculture en péril, etc …
Un début d’explication pourrait être trouvé dans l’apparition d’une nouvelle conscience collective sous l’effet de trois facteurs :

Démographiques : Dans quelques décennies, la population globale du globe passera de 8 à 12 milliards d’humains.

Extansion du mode de vie occidental et du modèle consumériste.

Menaces écologiques sur le système terre.


Pas de projet de société alternatif crédible au modèle consumériste – libéral (après l’échec des autres propositions de gestion sociale)
Les changements souhaitables pour faire face aux nouvelles menaces ne pourront résulter ni d’un changement des institutions, ni d’une distribution nouvelle des pouvoirs. Mais d’une démarche plus profonde, plus diffuse et plus générale impliquant un changement des modes individuels de vie et, plus généralement, une rénovation des manières de penser et de se comporter vis-à-vis des autres et de la nature.

Essai de définition

Très largement programmatique, une définition fut proposée, en 1987, dans un rapport intitulé « Notre avenir à tous » rédigé, à la demande des Nations Unies, par une Commission mondiale sur l’environnement et le développement présidée par l’ancien Premier ministre de Norvège, Mme Gro Harlem Brundtland.
« Le développement durable est le développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ».
Ce qui implique, au premier chef, qu’on ne mette pas « en danger les systèmes naturels qui nous font vivre : l’atmosphère, l’eau, les sols et les êtres vivants » La notion de ‘développement durable’ ou de ‘sustainable development’ sera consacrée à la Conférence de Rio au Sommet de la Terre en juin 1992.

3 dimensions dans le concept de développement durable :

Dimension environnementale inséparable du souci des générations futures.

Dimension économique : satisfaction des besoins, légitimité de la recherche de la croissance sans cependant renoncer au contrôle de la croissance des flux de matières et d’énergie.

Dimension sociale : une croissance solidaire, au profit du plus grand nombre pour réduire la « fracture » sociale.

Deux interprétations s’affrontent :

L’interprétation faible (les économistes Solow et Hartwick) selon laquelle il n’y a pas lieu de contrôler les flux de matières et d’énergies car le capital technique acquis compense, pour les générations futures, le capital naturel dégradé.

L’interprétation forte qui appelle au contrôle des flux pour préserver le capital naturel.


Développement actuel et environnement

L’impact massif des activités humaines sur la biosphère impose une réflexion en profondeur sur la nécessité de rénover nos façons de penser et de nous comporter
L’homme est devenu, selon la formule du premier théoricien de la biosphère, Vladimir VERNASKY : « une force géophysiologique » c’est à dire un agent actif pouvant influer sur les mécanismes régulateurs de la biosphère.
Marées noires : les naufrages de pétroliers plus ou moins valides se suivent et leurs effets castastrophiques se surajoutent- (« Prestige » le mal nommé)- Changements climatiques avec les conséquences tragiques de leurs dérèglements = innodations (comme celle qui endeuilla, récemment, la ville de Mohammedia).
Voilà deux exemples parmi une longue série de catastrophes écologiques proches de nous dans le temps et dans l’espace, qui nous font toucher du doigt, l’importance des questions environnementales et les menaces qu’elles font peser sur les ressources des nations.
Pendant longtemps l’écologie, le souci du monde et de la nature ne furent pas des thèmes mobilisateurs ni des préoccupations de première importance.
Par insouciance et inadvertance autant qu’à cause d’un sentiment largement dominant pendant de longues périodes historiques : le sentiment de l’intégration de l’homme et de ses sociétés à un ordre naturel censé ordonner le rythme général de leur existence et la direction de leur devenir.
Le Chant XXI de l’«Illiade » montre le danger que court Achille du fait du peu d’attention qu’il accorde aux éléments qui l’entourent. Il a jeté au fil de l’eau tant de cadavres d’ennemis défaits par lui que l’eau de la rivière monte, déborde et …… manque de l’engloutir !
Goya, dans un tableau connu, renchérit : Les duettistes qu’il peind ne se rendent pas compte qu’ils s’enlisent dans les sables mouvants.
Prémonitions et avertissements que l’avènement de la société industrielle, dans un premier temps, (avec l’attitude « prométhéenne » envers une nature asservie à la technoscience) et de la mondialisation, dans un deuxième temps, (avec la tentation de marchandisation du monde) va concrétiser, agrandir et multiplier.
Mais la mondialisation entraîne des effets complexes et paradoxaux en cette matière, comme dans d’autres.
Ainsi à la montée des périls, à la multiplication et à l’aggravation des atteintes à l’environnement répondent, grâce à l’« autre » mondialisation, une prise de conscience graduellement élargie et un foisonnement d’ébauches de réponses et de luttes contre les effets de la mondialisation mercantile et marchande en matière d’environnement et d’écologie. Je vous renvoie, à ce propos, à mes précédentes leçons inaugurales où j’ai longuement exposé la « double lecture » possible de la mondialisation.

La multiplication et l’aggravation des atteintes à l’environnement

Dans presque tous les domaines, les risques ou les atteintes sont discernables et évaluables.

Les cycles naturels de la biosphère sont perturbés par les activités humaines.

Trous dans la couche d’ozone du fait de l’augmentation des gaz à effet de serre – Pollutions diverses et variées suite aux émissions de métaux lourds (plomb, cadmium, zinc) – Précipitations acides – Perturbations du cycle de l’eau- Perturbations des climats – Ondes et radiations : risques non évolués (le téléphone portable).


Menaces sur les écosystèmes:
disparition de surfaces (comparables à la superficie de l’Autriche) de la forêt tropicale – Espèces animales en danger

Atteintes à la santé

Dioxine relâchée après l’accident de Seveso (1976) en Italie. Dans la baie de Minamata au Japon, le mercure rejeté par une usine chimique entraîna mort d’hommes et séquelles neurologiques graves.


Traitement déficient des déchets

Contamination des eaux par les rejets polluants

Le Rhin charrie 4000 tonnes de métaux par an, y compris du mercure et de l’arsenic.L’excès de nitrates et de phosphates entraîne le phénomène d’eutrophisation et provoque une prolifération anarchique du phytoplancton et de certaines algues. Ce qui entraîne la disparition de certains poisons (salmonidés) Régression de la mer d’Aral. Elle pourrait disparaître totalement d’ici 2010.

Régression accélérée des forêts tropicales et tempérées

Exploitation exponentielle du bois.Effets du surpâturage empêchent la régénérescence des forêts. Agriculture itinérante entraîne la défriche permanente.
Dans les forêts tempérées, le double péril des incendies souvent volontaires (Corse, sud de la France) et des « pluies acides ».

La menace de l’épuisement des richesses océaniques

Pollutions marines – Déversement du pétrole – Amocco Cadix Pêche intensive « overfishing » (détection au sonar, filets géants, navires – usines)
Espèces en voie de disparition : cétacés, phoques.
D’autres sont victimes des filets dérivants = dauphins.

La dégradation des sols

Accélération de l’érosion – Avancée du béton et de l’urbanisation sauvage – Progrès de la désertification.

Les risques de la sélection génétique

Le souci du rendement concourt à la disparition des races dites locales au profit de souches sélectionnées aussi bien pour les animaux domestiques (poulets élevés à la chaîne) que pour les plantes comestibles (maïs génétique)

La menace industrielle et nucléaire civile

Accident de Bhopal (1984) et de Toulouse (2002) tout au long du cycle qui va de la mine (extraction de l’uranium) au traitement des déchets, l’énergie nucléaire représente un danger pour l’environnement. Effets de l’accident de Tchernobyl sur les hommes, les animaux et les plantes – Three Mile Island.


Les risques des biotechnologies

Jeremy Rifkin = « La roulette écologique »
Manipulations génétiques sur les animaux aussi bien que sur les plantes (tomates transgéniques) et risques Anthrax.


Une prise de conscience graduellement élargie

Durant l’Antiquité
Un auteur que l’on peut qualifier comme le père putatif de l’écologie : Anaxagore de Clazomène. Il étudia le soleil, la lune, la voie lactée. Le mouvement du monde l’intéressait plus que les affaires de la cité.
Il fut condamné au bannissement pour avoir soutenu que le soleil était une pierre incandescente et avoir prédit la chute d’une météorite sur la ville. Ce qui advint effectivement.

Durant les Temps Modernes
Leibniz énonce la règle du principium renddendae rationis selon lequel nous devons rendre au monde qui nous a tant donné (naissance et vie) une part de ce dont nous bénéficions.
Swift affirme qu’un battement d’aile en un désert d’Australie retentira dans les prairies de la verte Erin, peut-être demain ou dans deux siècles.

A l’époque contemporaine
Sous l’influence du poète Henry David Thoreau et de John Muir, une des premières associations de protection de la nature le Sierra Club est créé en 1892, aux Etats-Unis.
Le physicien français Charles-Noël Martin publie, en 1955, un des premiers livres consacrés aux effets de l’explosion nucléaire à Hiroshma, intitulé « L’heure H a-t-elle sonné pour le monde ? »
Les auteurs « écologistes » se divisent en deux clans : Ceux qui, comme Barry Commoner, critiquent la nature anti-écologique de la techno-science (« Quelle terre laisserons nous à nos enfants ? ») et ceux qui, comme son rival Paul Ehrlich, attribuent la crise écologique à l’explosion démographique (« La Bombe P »)
Rachel Carson biologiste américaine, fonda une autre voie : le mouvement alternatif, avec son livre « Printemps silencieux ». C’est dans cette mouvance que se situent Robin Clarke (travaille à l’UNESCO pour promouvoir les « technologies douces ») Enst Friedrich Schumacher (auteur du best-seller « Small is beautiful »)
Vladimir Vernadsky créa la notion d’ « écologie globale » dans son livre « La Biosphère ».
C’est dans cette perspective de « l’hypothèse Gaïa » du chercheur anglais James Lovelock que se situent les travaux d’Hutchinson, de René Dubos (« Courtisons la terre »), de Barbara Ward (« Nous n’avons qu’une Terre ») et du rapport Gro Harlem Brundland (« Notre avenir à tous ») qui inaugure l’usage du terme de développement durable.
Une réflexion philosophique fut inspirée à Michel Serres par l’asservissement de la technoscience à la « thanatocratie » (« Le Contrat naturel ») tandis qu’un autre philosophe français Luc Ferry critiquait l’«intégrisme » de certaines composantes sectaires du mouvement écologique. C’est peut-être à partir de 1969 au moment où l’homme a marché sur la lune et a pu contempler le « clair de terre » que notre conscience écologique est devenue vraiment planétaire.
Nous avons pu enfin avoir une image objective, objectale de notre planète (« Une orange bleue » disait Eluard) et nous rendre compte combien elle était belle, mais aussi limitée et si solitaire dans les espaces intersidéraux. Et combien nous n’avions que cette simple bulle pour arrimage et espace de vie !


Pistes pour agir

Les différentes réunions internationales organisées sur l’environnement ont abouti à des accords ratifiés par un nombre plus ou moins grand d’Etats, Convention sur le commerce international des espèces animales et végétales en péril (CITES – 1973), Convention sur le droit de la mer (1982) Convention de Vienne (1985) sur la protection de la santé contre les effets des modifications de la couche d’ozone, le Protocole de Montréal (1987) sur la réduction ou le gel de chlorofluorocarbones et de halons, la Convention de Bâle (1989) sur la maîtrise des déchets et la Convention sur la diversité biologique (1992) proposée à ratification au cours du Sommet de Rio la même année. Le Protocole de Kyots sur la limitation d’émission de gaz a effet de serre continue à alimenter les polémiques avec les Etats-Unis qui ont refusé de le signer.
Le groupe de Vézelay souhaite lancer une initiative au long cours, un processus de 7 à 8 ans pour réunir l’ensemble des acteurs concernés : Puissance publique et société civile pour tenter de jeter les bases d’une nouvelle règle du jeu en matière de comportement environnemental basé sur un droit nouveau national et international en cette matière.
Dans cette démarche, entrent des composants d’une nouvelle manière d’appréhender les questions de l’environnement :


Oeuvrer à réconcilier le monde économique et le monde écologique

Produire mieux pour vivre mieux. Peut-on tempérer la logique du quantitatif par celle du qualitatif ?
Prendre en compte « le patrimoine du futur » et notre responsabilité face aux générations futures
Etablir une différence entre croissance et développement.


Etablir un réseau mondial pour des expériences locales

Certaines expériences locales de développement dans le respect de l’environnement ont réussi. Elles peuvent avoir valeur non pas d’exemple mais d’inspiration libre.
L’action « Chodak » au Sénégal – Prise en main par une population locale de ses affaires. Génie propre des communautés de base.
L’expérience des Swadhyayee en Inde – Respect des seuils et des limites.
L’intérêt renouvelé pour l’énergie solaire et la biomasse – « Le plan alcool » au Brésil – éthanol et carburol. (à partir de la bagasse, le résidu de la canne à sucre ou de la cellulose de bois)
Action de formation : l’Ecole en faveur de l’environnement (projet OCDE)

Pour une Charte mondiale des droits du vivant et des générations futures

Un nouveau droit international de l’environnement Sauver Gaïa pour nous sauver nous-mêmes.


Un Contrat naturel en plus du Contrat social

La modernité occidentale repose sur une attitude prométhéenne (valeurs de l’action de maitrise) et faustienne (valeurs de l’acquisition des savoirs)
Dans la Nouvelle Atlantide (1627) Roger Bacon définit ainsi le programme des Temps Modernes : « faire reculer les bornes de l’Empire humain en vue de réaliser toutes les choses possibles »
Cela veut dire qu’il n’y a guère de limites à l’action technique des hommes et que l’ordre naturel doit se plier à l’entreprise artificielle.
L’homme a reproduit, en les démultipliant, les capacités de son corps = habileté manuelle et force musculaire démultipliées par les machines.
Facultés de calcul de son cerveau = démultipliés par les ordinateurs et les capteurs artificiels – Intelligence artificielle. Puis l’homme a tenté de pénétrer l’intimité de la matière et de la vie = fission de l’atome – Auto-reproduction (génie génétique).
Les Modernes sont peu enclins à admettre l’idée de limites.
Allergie sociale diffuse aux normes du fait de la montée en puissance du critère de rentabilité économique. Extansion du domaine des échanges marchands.
Le concept de développement durable s’oppose aux externalités, c´est-à-dire aux effets dommageables pour autrui d’actions dont les auteurs ne supportent pas la charge.

Conscience de la double nature des techniques : bienfaits et maux.

La morale induite du concept de développement durable ajoute à l’impératif kantien entre sujets humains deux impératifs supplémentaires :
Se soucier des effets de nos actions quant aux générations futures
Se soucier de l’effet de nos actions sur les êtres non humains.
Au Contrat social s’ajoute le Contrat naturel (Michel Serres).



Méthodologie pour la mise en œuvre du développement durable

C’est un objectif difficile à atteindre parce qu’il exige un changement global et drastique dans les manières, individuelles et collectives, de penser et de se comporter vis-à-vis de la nature et de nos successeurs.
Le développement durable impose l’invention d’une nouvelle logique de sociabilité basée sur la durabilité et la prospective.
Certains principes d’action sont à intégrer dans nos comportements :

Le principe de précaution
Il figure dans la liste des principes fondamentaux retenus par la Déclaration finale du Sommet de la Terre à Rio en 1992 (sous le N° 15)

Face à des dommages potentiels graves et dans un contexte d’incertitude scientifique, ce principe nous incite à prévenir le danger sans attendre d’avoir levé cette incertitude.
Risques environnementaux – Risques sanitaires (santé animale – « La vache folle » - et végétale – les OGM - ).
Le principe de précaution entraine une nouvelle attitude face au progrès technique. Il renouvelle ainsi la philosophie du progrès qui créditait d’emblée les techniques nouvelles de toutes les vertus et de bienfaits sociaux automatiques.
Il n’est pas question de s’opposer au progrès technique, bien entendu. Mais il faut l’apprécier au cas par cas, en fonction des avantages prévisibles ou avérées qu’il fournit au corps social.
Le principe de précaution incite à étendre aux produits et techniques sensibles le protocole d’expérimentation avant diffusion large et mise sur le marché (ce qui est déjà en vigueur pour les médicaments)

La participation citoyenne
Certains choix technologiques induisent des choix de société : le futur énergétique, le réchauffement climatique, l’assistance médicale à la procréation et ses enjeux éthiques, etc …
Ces choix ne peuvent pas être tranchées par les seuls spécialistes.
C’est pourquoi de plus en plus, des « conférences de consensus » sont réunies. Elles regroupent des citoyens qui ne sont ni des spécialistes, ni surtout des représentants d’intérêts déjà constitués. Ils débattent de sujets d’intérêt général (OGM par exemple) et émettent une série de recommandations à l’intention des élus et des responsables politiques pour éclairer leurs décisions.



Les changements de méthodes dans la production des biens et le flux financier et énergétique : L’écologie industrielle

Retraitement des déchets :
Sur la plate-forme portuaire de Kalundborg près de Copenhagne, cinq entreprises utilisent partiellement comme ressources les déchets produits par les autres industriels.
Idem pour d’autres sites de production par recyclage (Grande-Synthe en France, Styrie en Autriche, etc …).
L’économie de fonctionnalité :
Il s’agit d’un concept mis au point par des économistes dont Walter R. Stahel qui pose un autre rapport aux produits : celui de l’usage et non plus de la possession.
Amener les industriels à louer et non plus à vendre et donc à changer leurs stratégies : concevoir des produits pérennes, contrôler le cycle de vie de leurs produits et les recycler au terme de leur existence pour éviter un gaspillage massif = 80% des biens vendus sont jetés après une seule utilisation devenant déchets, six semaines en moyenne après la vente du produit.
Les écosystèmes industriels et les nouveaux procédés de fabrication :
Regroupement de sites de production industriels sur le modèle des écosystèmes naturels en recherchant la complémentarité des spécialisations et surtout à trouver de nouveaux procédés de fabrication fonctionnant par addition et non par extraction de matière (sur le modèle de la biochimie). Le fonctionnement des économies n’aboutirait plus alors forcément à la destruction progressive des ressources naturelles et leur remplacement par des machines ou des techniques, mais au contraire à la préservation de la biosphère grâce à la quasi-fermeture sur eux-mêmes des cycles de matières qui alimentent nos activités.

Conclusion:
En plus de ces considérations techniques, le développement durable impose que soit mis fin à la marginalisation d’une part de la population au sein de chaque nation (les Quart-mondes) ainsi qu’à l’échelle mondiale (disparités insupportables entre les nations).
Le développement durable reprend à son compte un combat séculaire pour la justice et la démocratie mais en le conjuguant avec des préoccupations nouvelles : notion d’intérêt général étendue d’une part à notre environnement et, d’autre part, au futur des générations à venir.
Il élargit, d’autre part, le champ des procédures démocratiques à la participation citoyenne et à la détermination des choix technologiques qui conditionnent, en partie, les choix de société.

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