ENSEMBLE POUR LA PAIX
Bienvenus sur le site web de la Fondazione
Mediterraneo.
L'importance de travailler ensemble pour la paix demande la mise
en uvre d'un approche originale: puisqu'il s'agit d'envisager
le renouveau de la Méditerranée sous l'angle de la
science et de la culture.
Une approche originale et réaliste, car j'ai la conviction
qu'ici, comme ailleurs, la négociation, le dialogue, la médiation
doivent toujours l'emporter sur les solutions militaires.
Une approche, aussi, qui s'inscrit dans le droit fil des objectifs
de la Fondazione Mediterraneo qui milite, plus largement,
en faveur du respect de la diversité culturelle et en faveur
de l'instauration d'un véritable dialogue entre les cultures.
Parce qu'il s'agit là d'enjeu politique, économique,
social et culturel pour tous.
L'interdépendance entre les hommes, les sociétés,
les espaces est, en effet, désormais la norme.
Les mutations scientifiques et techniques, la globalisation économique
et financière, la circulation instantanée de l'information
ont précipité l'humanité vers une communauté
de destin.
Est-ce à dire, pour autant, vers un destin commun ? Loin
s'en faut !
J'en veux pour preuve l'aggravation des inégalités
et de la pauvreté dans le monde !
J'en veux pour preuve la ségrégation numérique
qu l'on voit s'instaurer entre les nantis de l'information et les
autres !
J'en veux pour preuve le risque d'hégémonie de quelques
puissances sur l'élaboration des normes ou des décisions
qui engagent l'avenir de la planète !
Le risque, enfin, de monopole de quelques acteurs-privés
ou publics sur la fabrication d'un imaginaire uniforme, sur la diffusion
de modes standardisés d'être, de se comporter, de consommer,
de penser, de créer : en un seul mot de vivre.
En d'autres termes, alors que les échanges internationaux
s'amplifient, les Etats, mais aussi les citoyens ont de plus en
plus le sentiment de se voir confisquer la gestion du monde et de
se voir imposer une " monoculture ".
Face à cette perte de décision, à cette perte
de repères, à cette perte d'identité, grande
est la tentation de se replier sur soi-même, de se cristalliser
sur les valeurs sécurisantes et figées du passé,
dans un climat d'intolérance qui confine parfois au fanatisme,
à la haine et au rejet de l'Autre.
Et si l'on veut éviter que la guerre froide d'hier ne se
mue en un affrontement culturel, attisé par d'amples mouvements
de migrations internationales, il faut, au sens large du terme,
démocratiser la mondialisations avant que la mondialisations
ne dénature la démocratie.
C'est dire instaurer au plus vite, et entretenir, entre ces espaces
potentiels d'affrontement, un dialogue et une coopération.
Car j'ai la conviction que les grandes aires culturelles et linguistiques
de la Méditerranée constituent, aussi, des espaces
privilégiés de solidarité qui, lorsqu'ils se
rencontrent et s'entremêlent, sont les meilleurs garants de
la démocratie, de la paix et du développement.
Le dialogue entre les cultures n'a donc rien d'éthéré.
Il s'agit d'un véritable projet de société
à l'échelle de la planète !
Un projet de société où les cultures se complètent
et ne s'excluent pas, où elles se renforcent et ne se diluent
pas, où elles se rassemblent sans pour autant se ressembler.
Avec, pour ultime objectif, un monde véritablement multipolaire,
respectueux des plus vulnérables et de leur droit à
la solidarité, respectueux des langues, des cultures, des
traditions, respectueux d'une gestion véritablement démocratique
des relations internationales.
Mais cela suppose que l'on reconnaisse que la diversité culturelle
mondiale est une condition préalable pour instaurer un dialogue
réel entre les peuples.
Que l' on reconnaisse que la culture n'est pas une exception, mais
qu'elle est au fondement de la civilisation.
Qu'elle ne se limite pas aux arts et à la littérature,
mais qu'elle englobe tous les aspects de la vie dans sa dimension
spirituelle, institutionnelle, matérielle, intellectuelle
et émotionnelle, ainsi que la diversité du tissu social.
Que l'on reconnaisse que culture et développement sont indissociables,
sans pour autant se limiter à une approche strictement commerciale
et économique de la culture.
Cette déclaration d'intention nécessite la mise en
uvre de stratégies communes aux trente-cinq Etats du
Partenariat euro-méditerranéen, mais aussi compatibles
avec les intérêts et les attentes de toutes les autres
communautés.
Michele
Capasso
President de la Fondation Mediterraneo
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