Declaration Finale
FORUM CIVIL EUROMED
Chania, 1-4 Mai 2003
Nous, membres et représentants
de la société civile des pays euroméditerranéens
nous sommes réunis aujourd’hui dans l’île
de Crète afin de discuter du dialogue entre les cultures
dans notre région.
L’île de Crète est la plus grande des îles
grecques et de la Méditerranée après Sicile,
Sardaigne, Chypre et la Corse. Son développement culturel
pendant l’ère du bronze est comparable dans les réalisations
artistiques et culturelles aux civilisations contemporaines en Mésopotamie
et en Egypte. C’est en Crète que nous trouvons les
origines de l’art Minoen.
De nos jours, nous trouvons en Crète des traces de toutes
les composantes de la culture Méditerranéenne.
En tant que point de rencontre entre l’Asie, l’Afrique
et l’Europe, la Méditerranée a une histoire
exceptionnelle qui remonte à dix mille ans. Nulle autre région
n’a connu une telle succession de civilisations dans une période
de temps(relativement) aussi courte. Lieu d’origine des religions,
elle fut longtemps considérée comme le centre du monde
connu.
La Méditerranée a été le berceau des
grandes découvertes philosophiques et scientifiques. Ce sentiment
profond d’identité qui caractérise les peuples
qui vivent sur ses bords a souvent été source de conflits,mais
ces conflits n’ont jamais définitivement empêché
les gens de voyager ni les idées de circuler.
Parmi les Principes Fondamentaux établis par la Déclaration
de Barcelone, ceux qui concernent la dimension culturelle et humaine
du Processus Euroméditerranéen sont une condition
nécessaire pour un partenariat authentique et équitable.
Cela a été souligné aussi bien lors de la réunion
des Ministres de la Culture à Bologne (Avril 1996) que lors
de celle de Rhodes (Septembre 1998) et aussi dans le Workshop de
Stockholm (Avril 1998) sur la nécessité d’une
meilleure compréhension et d’un respect mutuel entre
les différentes cultures.
Nous, les associations et les organisations de
la société civile, nous pensons que l’objectif
général du partenariat serrait de faire de la Méditerranée
un lieu de dialogue d’échange et de coopération,
afin de garantir la paix, la stabilité et la prospérité
et de renforcer la justice, la démocratie et le respect des
droits de l’homme et des droits des peuples, une économie
équitable et le progrès social, des mesures pour lutter
contre la pauvreté et pour protéger l’environnement.
Personne n’est obligé d’appartenir à une
religion ni de déclarer ses opinions religieuses et ses croyances.
Nous croyons au renforcement de la participation
de la société civile dans le processus décisionnel
du Partenariat Euroméditerranéen (et plus particulièrement
la société civile dans les pays du sud et dans les
pays en voie d’adhésion à l’Union Européenne)
en leur fournissant les moyens pratiques et juridiques pour agir.
Nous croyons que la pluralité des cultures
est une des plus précieuses conquêtes de la région
euroméditerranéenne et que nous devons la sauvegarder
et la préserver, ainsi que toutes les richesses qui constituent
le patrimoine commun de l’humanité.
Nous croyons fermement, aux objectifs et aux principes
énoncés dans la Charte des Nations Unies, à
la Déclaration sur la Diversité Culturelle de l’UNESCO
(Novembre 2001) et à l’Esprit Olympique pour fonder
un avenir pacifique par l’éducation des jeunes.
Nous approuvons le dialogue entre les cultures
et les civilisations comme instrument approprié pour parvenir
à une interaction constructive et à une coopération
effective entre les nations et pour lutter contre le fanatisme,
l’intolérance, et les discriminations raciales religieuses,
ethniques, de langue ou basées sur le genre, l’age
ou l’orientation sexuelle.
Nous approuvons la promotion de la connaissance
et du respect mutuel entre les cultures, les traditions et les valeurs,
qui existent dans les pays membres du Partenariat.
Nous aimerions voir des efforts réels d’identification
et de dépassement des obstacles qui empêchent le processus
pour un dialogue interculturel sincère la mise en place et
en œuvre d’une éducation interculturelle.
Nous approuvons la défense de la libre
circulation des idées et des opinions dans ce dialogue. La
liberté d’expression des intellectuels et des artistes
est une partie inséparable et indivisible des droits de la
personne humaine. Ils devraient être garantis par les Etats
membres du Partenariat comme une condition préalable et nécessaire
pour la réalisation du dialogue.
Nous encourageons la circulation des acteurs du
dialogue entre les différentes cultures sachant qu’il
ne peut y avoir de véritable partenariat culturel sans contact
humain.
Nous considérons les sciences humaines,
les arts, les cultures et le commerce comme un fonds pour la compréhension
des sociétés et comme des domaines qui facilitent
la coopération.
Nous croyons à la valeur et à l’importance
de l’existence de réseaux et d’organismes indépendants
et non gouvernementaux, actifs dans différents secteurs de
la société, acteurs que nous appelons société
civile. Nous croyons qu’il est très important de donner
à ces institutions de la société civile euroméditerranéenne
l’importance qui leur revient.
Nous croyons qu’un Forum Civil Euroméditerranéen
devrait définir un agenda politique en mettant sur la table
les sujets d’intérêt général cruciaux
et plaider pour l’adoption par les gouvernements du Partenariat
Euroméditerranéen d’une thématique similaire.
Nous soulignons que nos efforts et interventions
pendant le dialogue interculturel consistent à :
- Adopter des politiques culturelles en consultation avec
les acteurs de la société civile.
- Promouvoir l’éducation et de la communication
des cultures et du savoir-faire.
- Procurer aux jeunes les moyens de renforcer leur participation
au dialogue interculturel.
- Abolir le monopole de l’Etat ou le monopole privé,
et toute autre forme de censure.
Ces conditions devraient être mises en œuvre par les
acteurs compétents du Partenariat, pour être inclus
au dans l’agenda de l’Union Européenne ou être
définis comme relevant de la responsabilité de l’Etat.
Nous souhaiterions que les programmes culturels
MEDA soient renforcés et plus de transparence dans la procédure.
Nous insistons sur la nécessité
de la protection, de la préservation, de la diffusion et
de la restitution, quand celui-ci a été détérioré,
de l’héritage culturel et des traditions des pays euroméditerranéens;
ainsi qu’à l’orientation de l’éducation
des jeunes vers les sujets mentionnés ci-dessus, comme moyen
pour éviter la répétition du vandalisme des
trésors du patrimoine mondial, comme cela c’est produit
lors du bombardement et de l’occupation de l’Iraq ou
pendant le régime des Talibans en Afghanistan.
Nous insistons particulièrement sur notre
revendication de voir notre précieux héritage culturel,
archéologique et architectural, commun à toute la
Méditerranée préservé et protégé.
Nous souhaitons le faire revivre et le rendre fonctionnel de manière
créative. L’architecture basée sur la pierre
et le bois, le principe du recyclage et des formes douces d’énergie
constituent un élément important de la façon
de vivre dans la région et de son développement durable.
Nous sommes convaincus qu’il faudrait travailler
dans le sens d’une prise de conscience toujours grandissante
et d’une meilleure information pour la totalité de
la société euromméditerranéenne –grâce
à des programmes d’éducation et d’échange
mais aussi grâce à la contribution des médias
qui doivent assurer leur rôle de diffusion de l’information-
sur les sérieux problèmes qui touchent notre région,
comme l’immigration, la condition des réfugiés,
des femmes, des enfants des groupes sociaux vulnérables,
l’instabilité politique et la corruption, la pauvreté
ainsi que la dégradation de l’environnement. Mieux
encore, tous les pays de la région devraient immédiatement
adhérer à certains accords régionaux, conventions
et programmes de sorte à ce que le développement durable
de la région euroméditerranéenne soit réalisé.
Nous soulignons l’importance du rôle
des femmes qui devrait être renforcé, et l’importance
de l’accès des femmes à une meilleure éducation
selon la Résolution 1325 et la 5ème Résolution
de la Rencontre Ministérielle de Skopje au courant de cette
année. Les femmes non seulement en tant que victimes mais
aussi en tant que membres actifs dans le processus de la paix et
en tant qu’ acteurs du changement devraient voir leur position
renforcée et occuper des postes là où ont lieu
les négociations de plus haut niveau.
Nous soulignons l’importance des ONG des
jeunes dans le rôle qu’elles peuvent jouer afin de contribuer
au dialogue multiculturel et à la coexistence pacifique dans
la région. Nous encourageons fortement les institutions compétentes
à assumer la responsabilité de renforcer et appuyer
de façon encore plus vigoureuse les programmes d’échanges
culturels entre les jeunes et les congrès des jeunes sur
la gestion des conflits et les sujets de politique internationale.
Nous mettons l’accent sur le besoin d’un
processus de participation dans la préparation des Fora Civils
et nous sommes très concernés par le manque de continuité
dans le processus ainsi que par le non suivi des recommandations
sur des sujets cruciaux par les Gouvernements des Etats Membres
du Partenariat.
Le groupe de travail sur le Dialogue des cultures
suggère en outre que les échanges et le Dialogue culturel
peuvent être créés de façon concrète
et positive à partir de projets tels ceux présentées
par les organisations qui ont participé au Forum : l’élaboration
de normes sociales communes dans les activités des syndicats,
le festival de Thessalonique des Femmes Créateurs des deux
rives de la Méditerranée et de la mer des Balkans,
le Conservatoire du Goût de la Méditerranée,
etc. Nous faisons appel à l’Union Européenne
pour assurer que de nouvelles mesures seront prises pour développer
et appuyer ce genre de coopération et de participation dans
toute la Méditerranée.
Le groupe de travail sur le Dialogue des Religions
souligne par ailleurs que le dialogue interculturel à tout
niveau, la gestion démocratique du pluralisme religieux et
la justice dans les relations internationales devront être
renforcés et intensifiés, afin de promouvoir la compréhension
mutuelle qui est une condition nécessaire pour fonder une
coexistence pacifique. Il met aussi l’accent sur le fait que
toute action violente au nom de la religion est condamnable ; que
toutes les religions sont invitées à accomplir leurs
pratiques religieuses dans le respect des droits de l’homme,
que toutes les institutions religieuses et les organisations interreligieuses
sont invitées à renforcer leur coopération
et d’encourager le respect de l’espace public commun,
que les écoles ( circulaires, manuels, enseignants) devraient
fournir des informations amples et fiables sur les religions et
encourager l’esprit de respect mutuel et que l’héritage
religieux de toute la région devrait être préservé
et renforcé.
Le groupe de travail sur l’Education Interculturelle
souligne en outre la nécessité absolue de mettre en
place un Observatoire qui s’occupera des sujets d’éducation
et de culture.
Le groupe de travail sur les Solutions Pacifiques,
Dialogue Interculturel et la Coexistence Pacifique dans les Zones
de conflit, a eu l’occasion d’entendre des témoignages
directs des protagonistes du grand mouvement de la paix à
Chypre qui a traversé la Ligne Verte, et qui suite à
la modération des restrictions, a permis aux populations
chypriotes turques et grecques de revisiter les villages qu’ils
avaient connu des années auparavant dans leur jeunesse. Nous
avons étés satisfaits des mesures prises des deux
côtés car ces mesures ont crée un climat très
positif de réconciliation entre les communautés chypriotes,
grecques et turques. Nous faisons appel aux dirigeants pour abréger
les négociations et conclure un arrangement politique qui
appuiera le changement qui s’est déjà produit
sur le terrain.
Ces changements ont encouragé toutes les ONG qui agissent
pour la paix dans ce groupe de travail, et qui continuent à
jouer un rôle social et civique fondamental même dans
les moments les plus noirs des conflits, à garder espoir
et consolider leur dynamisme pour agir en faveur de la paix. Les
participants ont écouté mutuellement leurs histoires
respectives qui témoignent de la difficile tâche à
accomplir quand on travaille dans les larmes et la souffrances des
groupes, des villages et des communautés ethniques pour rétablir
le dialogue entre ceux que le conflit a divisés, que ce soit
à Chypre, au Moyen Orient dans les Balkans, dans l’Irlande
du Nord ou au Pays Basque. Nous intensifions nos efforts pour encourager
nos représentants à approfondir le Dialogue et de
mettre en place des projets concrets qui engageront les populations
quel que soit le côté d’où elles viennent.
Nombre de ces projets sont viables et devraient inclure les affaires,
l’environnement et les activités artistiques et sportives.
D’autres projets intrecommunautaires resteront difficiles
à réaliser parce que l’équilibre des
pouvoirs et des volontés nécessite une assistance
extérieure de la part des ONG pour rétablir le dialogue
entre les deux parties en conflit.
Nous faisons appel à l’Union Européenne
et à nos Gouvernements Nationaux pour appuyer ce travail
de prévention débutant des représentants de
la société civile et d’approfondir la pénétration
du processus de paix sur le terrain. Des efforts spéciaux
devraient continuer à renforcer le rôle des femmes
et des jeunes parce que trop souvent ils passent inaperçus
et nous devons mettre en valeur leur contribution dans le processus
en faveur de la paix. Il est aussi nécessaire de mettre en
place des formations pour renforcer la société civile
et lui donner les moyens d’agir dans pays qui vont prochainement
adhérée à l’Union Européenne,
dans la région de Chypriotes Turcs, ainsi que dans la situation
compliquée en Iraq.
Nous demandons à la Conférence Euroméditerranéenne
des Ministres des Affaires Etrangères qui aura lieu à
Héraklion le 27 mai et aux Gouvernements Nationaux de renforcer
leurs efforts pour une paix durable et compréhensive et pour
la sécurité dans la région.
Nous dénonçons la politique hégémonique
de Bush qui conduit à une situation de crise et de tension
toujours grandissante à travers le monde entier et plus précisément
dans la région méditerranéenne.
Nous confirmons notre dévouement pour une
résolution pacifique du conflit entre l’ Israël
et la Palestine.
Nous demandons le retrait d’Israël
des territoires palestiniens, syriens et libanais et l’application
des Résolutions adoptées par les Nations Unies et
les respects du droit de tous les peuples de la région.à
la paix, à la sécurité, et à la démocratie.
Nous pensons fermement que la guerre contre l’Iraq
et l’occupation de ses territoires, pendant lesquels de milliers
de tonnes de bombes de destruction massive ont été
lâchés était illégaux et illégitimes
puisque les opération ont été conduites en
dehors des règles établies par les Nations Unies et
la Loi Internationale et condamnés de manière générale.
Nous demandons le retrait immédiat des
forces Anglo-Américaines de l’Iraq et leur non-intervention
dans les affaires intérieures du pays.
Les Nations Unies doivent jouer le rôle central dans le processus
de transition vers un Etat iraquien démocratique, autonome
et pluraliste et aussi dans sa reconstruction, qui exige la participation
de tout le peuple irakien y compris des représentants des
organisations de la société civile.
Remarque: Le Centre de Médiation de l’Irlande
du Nord, Malgré sa participation au forum, s’est abstenu
de ratifier la résolution ci dessus.
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